Armoire en acajou massif par J.H Riesener, Paris vers 1770-1775

... chêne de Hongrie panneauté et mouluré, montage à clavettes.

Grande qualité d’acajou flammé du Honduras.

Trés bel état de conservation.

Estampille « H.RIESENER » sur un montant arrière.

Travail de l’ébéniste de la couronne Jean Henri Riesener*, Paris transition des époques Louis XV et Louis XVI vers 1770-1775.

Dimensions :

Hauteur : 222 cm ; Largeur : 169 cm ; Profondeur : 55 cm

Armoires de Jean-Henri Riesener :

-Collection Karl Lagerfeld, Christie’s Monaco 29 Avril 2000, Deux armoires estampillées, lot 35 (3 557 000 francs) et lot 340 ( 2 237 000 francs).
-Collection Hubert de Givenchy, Christie’s Paris, 17 Juin 2022 , Une armoire attribuée , lot 192 (75 600 euros)

Notre avis :

Par la qualité de ces bois, de ces bronzes, de ses ferronneries et par la précision de ses assemblages et de sa finition toutes faces, l’armoire que nous présentons représente la quintessence de l’ébénisterie française du 18 ème.
Elle est issue de l’atelier royal de l’arsenal que Jean Henri Riesener reprend après la mort de son confrère Jean François Oeben en 1763.
Après l’obtention de sa maitrise en 1768, Riesener va utiliser sa propre estampille et laisser libre cours à son imagination.
Notre meuble date de cette période ou les prémices du néo-classique vont apparaitre et il est assez intéressant de mesurer l’avance stylistique du futur ébéniste de Marie Antoinette qui a déja basculé dans le mobilier classique en bois massif.
Dans la décennie 1760, certains de ses confrères s’adonnent encore à la marqueterie florale qu’ils apposent sur des meubles aux formes opulentes et galbées.
Ce contraste est visible sur notre armoire au niveau des bronzes qui présentent un décor franchement Louis XV, même si la rose de l’entrée de serrure et la symétrie de l’ensemble nous indiquent le début d’une nouvelle ère.
Après plusieurs années d’apprentissage dans l’atelier royal, le jeune ébéniste Riesener maitrise parfaitement toutes les subtilités de son travail, il a de surcroit la chance d’avoir les meilleurs fournisseurs de bois et de collaborer avec les meilleurs artisans de son époque ; il a aussi une forge qui lui permet de produire des tringles et des crémones en acier pour ses meubles à systèmes.
Cette somme de compétences lui a permit de terminer avec brio le fameux bureau à cylindre du roi Louis XV qu’il présente au monarque en 1769.
Notre armoire date des années qui suivirent cette livraison et nous pouvons donc imaginer pour la conception des ornements de bronze une collaboration de bronziers comme Louis-Barthélémy Hervieux et Étienne Forestier qui ouvrèrent quelques années auparavant sur le bureau royal.
De la poignée d’armoires connues, la notre semble la plus précoce et la seule de l’époque Louis XV, les autres datant plutot des années 1775-1780.
Au niveau de la provenance qui est fortement trés prestigieuse mais qui nous est inconnue nous pouvons citer l’armoire de la collection Lagerfeld qui est décrite dans l’inventaire du Baron de Baulny (1744-1812) qui fût grand trésorier de France.
Cette provenance nous indique probablement que ce type d’armoire n’est pas un meuble de chambre servant à entreposer du linge mais plutôt une armoire de cabinet utiliser dans un cadre professionnel.