Par Galerie Magdeleine
Peintures et dessins du XVIIe au XIXe siècle
Alexandre-Évariste FRAGONARD.
(Grasse, 1780 - Paris, 1850).
Marie-Thérèse, reine de Hongrie, présentant son fils aux Hongrois.
Vers 1822.
Huile sur toile.
H : 48,5 ; L : 59,5 cm.
Ce tableau est une esquisse pour l’œuvre finale de grand format présentée au Salon de 1822 par Alexandre-Évariste Fragonard et aujourd’hui conservée par la Villa-Musée Jean-Honoré Fragonard à Grasse.
Il reprend un épisode charnière de l’histoire du Saint Empire romain germanique. Après la mort de l’empereur Charles VI en 1740, Marie-Thérèse d’Autriche, sa fille aînée, aurait rassemblé la noblesse hongroise pour que cette dernière prête allégeance à son fils nouveau-né, le futur empereur Joseph II, et ainsi lui assurer la légitimité du trône qui faisait l’objet de conflits de successions.
La paternité de cette œuvre nous a été confirmée par Madame Rebecca Duffeix, auteure du catalogue raisonné de l’artiste[1].
Alexandre-Évariste Fragonard né à ...
... Grasse le 26 octobre 1780, dans une famille déjà profondément attachée à l’art : son père est Jean-Honoré Fragonard, maître du rococo, et il reçoit très tôt une formation artistique. Dès ses débuts, il étudie auprès de son père puis de Jacques-Louis David. L’influence délicate, fluide, sensuelle de son père couplée à la rigueur structurelle et au souffle héroïque de David façonnent son style propre, à la fois soigné, narratif et ancré dans les traditions académiques.
Très jeune, Alexandre-Évariste participe aux Salons : il expose dès l’âge de treize ans et continuera de présenter ses œuvres régulièrement jusqu’aux années 1840. Son œuvre embrasse plusieurs registres : peinture d’histoire, sujets religieux, scènes de genre, portraits, mais aussi ornementation, décors pour la manufacture de Sèvres, costumes pour l’Opéra.
Cette diversité témoigne non seulement de son habileté technique, mais aussi de l’équilibre qu’il cherche entre ses ambitions et une sensibilité aux détails, aux atmosphères.
Il s’inscrit dans le style « troubadour », en représentant les grands épisodes historiques ou les légendes nationales, avec un mélange de nostalgie, de romantisme retenu et de sens du pittoresque. Ses œuvres comme François Ier armé chevalier par Bayard, La Bataille de Marignan ou Jeanne d’Arc sur le bûcher participent de cette tendance à célébrer l’histoire de France, à la rendre visuellement séduisante, émouvante, symbole d’identité nationale.
Marie-Thérèse, reine de Hongrie, présentant son fils aux Hongrois s’inscrit dans cette mouvance : présenter l’hériter devant ses sujets, c’est affirmer la continuité, la dynastie, la stabilité. Dans une époque où la monarchie, les nationalismes, les identités nationales étaient des enjeux forts, ce type de scène renforçait visuellement le récit politique de l’État.
a version définitive présente quelques variantes avec notre œuvre : la reine est présentée dans une différente posture, elle ne saisit pas son enfant des deux mains mais le tient contre sa hanche ; et la grande foule de courtisans est éclaircie. Un dessin préparatoire à cette œuvre est également connu, il appartenait à la duchesse du Berry et il présente une version plus proche de la nôtre, ce qui fait de notre esquisse peinte un précieux témoignage du processus d’élaboration de l’artiste qui s’était saisi d’un sujet qui représentait un véritable défi à la fois formel, esthétique et politique.
Il s’agit d’une merveilleuse synthèse entre histoire, esthétique et émotion. Une véritable tension dramatique, quasiment violente, avec la présence de sabres en grand nombre et l’assemblée presque oppressante, semble émaner de cette œuvre préparatoire. Le contexte politique de la restauration de la monarchie française a sûrement amené le peintre à réviser son sujet pour le rendre plus acceptable auprès d’un public désireux de voir l’ordre monarchique rétabli sans ombre sous-jacente au tableau.
C’est ce qui fait de cette œuvre préparatoire un véritable témoignage historique, emprunte de romantisme, qui reprend un moment de l’Histoire. Et en donne la première interprétation pensée par un artiste soucieux de rendre la profondeur de ce moment historique.
[1] Duffeix, Rebecca, et Barthélémy Jobert. Alexandre-Évariste Fragonard, 1780-1850?: Fragonard fils. Paris: Arthena, 2022. Print.
Illustrations :
Alexandre-Evariste Fragonard, version dessinée pour la duchesse de Berry, collection Horvitz, Wilmington (inv. D-F-1373)
Alexandre-Évariste Fragonard, Marie-Thérèse, reine de Hongrie, présentant son fils aux Hongrois, huile sur toile, H : 1,78 m; L : 2,56 m; musée du Louvre; INV : 4551.
Alexandre-Évariste Fragonard, esquisse pour François Ier prêtant le serment des chevaliers, huile sur plâtre, H : 23 cm; L : 23 cm, musée du Louvre ; INV 20057.
Alexandre-Évariste Fragonard, La Bataille de Marignan, 1836, huile sur toile, H : 4,65 m; L : 5,43 m; musée national du chateau de Versailles; INV 4547.
Alexandre-Évariste Fragonard, Jeanne d'Arc sur le bûcher, huile sur toile, vers 1822, H : 37,2 m; L : 24,6 m; Musée des Beaux-Arts d'Orléans; Réf. prêt / dépôt : 74677.
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