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Vase coloquinte en grès et porcelaine de Taxile Doat, 1903
Vase coloquinte en grès et porcelaine de Taxile Doat, 1903 - Céramiques, Porcelaines Style Art nouveau Vase coloquinte en grès et porcelaine de Taxile Doat, 1903 - Galerie Latham Vase coloquinte en grès et porcelaine de Taxile Doat, 1903 - Art nouveau
Réf : 119280
13 500 €
Époque :
XXe siècle
Signature :
Taxile Maximin Doat
Provenance :
France
Materiaux :
Grès et porcelaine
Dimensions :
H. 24 cm
Céramiques, Porcelaines  - Vase coloquinte en grès et porcelaine de Taxile Doat, 1903 XXe siècle - Vase coloquinte en grès et porcelaine de Taxile Doat, 1903
Galerie Latham
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Arts Décoratifs du XXe siècle


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Vase coloquinte en grès et porcelaine de Taxile Doat, 1903

Décorateur-modeleur, sculpteur, ayant pris part dès 1879 aux Salons des artistes français et de la Société nationale des Beaux-arts, médaillé d'or à l'Exposition Universelle de 1889, Taxile Doat a participé avec grand succès à l’Exposition Universelle de 1900. Il a exposé au musée Galliera en 1907, au musée national de Céramique à Sèvres en 1931, souvent avec un grand nombre de pièces. Actif à la Manufacture de Sèvres de 1877 jusqu’à sa retraite en 1905, il fut un grand spécialiste des décors « pâte sur pâte » en porcelaine, il sut même mêler avec virtuosité porcelaine et grès sur une même pièce. Il fut l'un des premiers céramistes d’atelier, et sans conteste parmi les plus influents de son époque. Il a en outre documenté méthodiquement, pour la postérité, ses recettes et techniques du décor « flambé » (ou « flammé »), des émaux à cristallisations et des lustres métalliques, ainsi que ces fameux assemblages de porcelaine et de ...

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... grès, dans une célèbre publication intitulée « Les Céramiques de Grand Feu », un traité pratique sur la fabrication de la porcelaine et du grès publié en anglais par Samuel Robineau en 1905.
Né à Albi en 1851, Taxile-Maximin Doat a découvert son goût pour la poterie lors de son emploi à l'Office des Postes et Télécommunications de Limoges, ville réputée pour la fabrication et le commerce de la porcelaine et de l’émail. Il a d'abord pris des cours sur place à l’école d’art Dubouché, puis il est parti étudier à l’École des Beaux-Arts de Paris. En 1877, il est engagé comme artiste par la manufacture de porcelaine de Sèvres. À partir de 1892, la direction de la manufacture lui accordera la possibilité d’ouvrir non loin son atelier indépendant, avec son propre four, d’abord rue de Bagneux à Paris (avec un four à houille), puis à partir de 1898 au 47 rue de Brancas (Villa Kaolin) à Sèvres, avec un four à bois qui lui permet d’améliorer les colorations de ses couvertes, et de pouvoir superposer avec plus de minutie la porcelaine sur le grès. S’il a pu réaliser pour la manufacture nationale environ mille pièces en porcelaine, il va expérimenter dans son propre atelier de Sèvres d’autres plus rares techniques d'émaillage du grès de hautes températures (environ 1350°C) directement héritées du Japon et de Chine. L’Exposition Universelle de 1900 va sonner l’heure de sa consécration publique et institutionnelle : en France, Le Musée des Arts Décoratifs à Paris, les Musée de Sèvres, de Lille, de Dijon, les musées de Berlin, de Dresde, de Leipzig et de Hambourg en Allemagne, de Saint-Petersbourg en Russie, de Copenhague et de Christiana au Danemark, d’Helsinki en Finlande et de Breslau en Pologne acquièrent des oeuvres de Taxile Doat pour leurs collections.
L'ouverture politique du Japon au reste du monde a suscité à partir des années 1870 un grand intérêt économiques et culturel en Europe. Cette vogue du « japonisme » a certainement influencé les travaux de Taxile Doat. Il se met en effet à concevoir des vases ou des gourdes en formes de courges, interprétations (et non copies de la nature) inspirées de modèles d'Asie orientale comme la calebasse ou la coloquinte. Au tournant du XXème siècle, ses expérimentations visent à combiner la porcelaine cuite avec le grès, en concevant de petits médaillons et de fins ornements caractéristiques qu’il va appliquer sur le corps de ses formes en grès, selon cette technique « pâte sur pâte » dont il passa maître, et qui fût très applaudie par ses contemporains. Ses contenants - le plus souvent de petits formats - comportent des motifs décoratifs inspirés de l'Antiquité et de la Renaissance, dans le style des camées : des visages en mascarons ou en profils, des décors d’Amours et de Nymphes fournissent prétextes à des décors de fines plaques de porcelaine savamment découpées pour épouser de façon structurée le volume parfois mouvementé des vases et coupes. Ces ornementations contrastées, élégantes et néo-classiques, ont joui dès l’époque de leur création d'une grande reconnaissance sur la scène internationale.
Les pâtes appliquées ou « rapportées » - selon ses termes - sont de petits bas-reliefs exécutés en porcelaine blanche liquide, qui s’appliquent sur les pièces de grès crues ou juste dégourdies (c’est-à-dire ayant subies un léger passage au feu) en couches minces et successives, ce qui permet à la pâte de sécher. Sur un fond de pâte légèrement coloré, on reporte le dessin d’un motif choisi avec de la pâte liquide, dont on retouche progressivement les différentes couches, après séchages successifs, avec des gradines de fer (des ciseaux de taille pour réaliser des creusements très fins). Après cuisson, cette pâte blanche translucide laisse apparaître le fond coloré (ici en vert céladon), plus ou moins selon l’épaisseur des couches de porcelaine. Un émail transparent recouvre ensuite les parties de porcelaine, les surfaces de grès restant mates après cuisson. La plus grande difficulté dans l’exécution d’une telle pièce est qu’il faut que que la couverte soit impeccable, sans craquelures ni tressaillures. Il faut donc que les coefficients de rétraction de la poterie et de sa couverte soient rigoureusement identiques. Taxile Doat a travaillé pendant sept ans avant d’arriver à composer des couvertes en accord avec ses pâtes, qui puissent avoir à la cuisson un retrait identique. Les deux matières se marient généralement mal (à cause de leurs taux de rétractions différents à la cuisson, qui provoque des craquelures), mais il y est finalement arrivé, autour de 1900.
L'artiste et entrepreneur verrier Louis Comfort Tiffany,(1848-1933), après sa visite de l'Exposition universelle de 1900, en fut émerveillé. Il fit part au collectionneur et marchand d'art international Samuel Bing de ses nouvelles découvertes parisiennes en matière de céramique. Tous deux décidèrent d'exposer à New-York une sélection d'œuvres de Pierre-Adrien Dalpayrat, Ernst Chaplet, Auguste Delaherche, Jean Carriès, Taxile Doat et d'autres artistes dans la galerie Tiffany de Manhattan. Parmi les vases « Sang de boeuf » et les grès émaillés mats de ses collègues artistes, les pièces de Taxile Doat, avec leurs délicats ornements « pâte sur pâte » attirèrent particulièrement l'attention de l'éditeur et mécène d'art américain Edward Gardner Lewis (1869-1950). Ce dernier put apprécier également le talent pédagogique de Doat, son réel désir de transmission de ses connaissances. En 1909, il le nomme directeur du nouveau département (Institut) de céramique à l'Académie des arts de Saint-Louis (Missouri), fondée trois ans plus tôt. L'objectif de l'éditeur était d'encourager la créativité artistique, en particulier celle des femmes, sous la direction d’artistes renommés en Europe. Mais ce qu’il concevait comme le premier institut céramique au monde ne dura hélas que jusqu’en 1915 : Lewis dut se déclarer en cessation de paiement et stoppa net ce projet ambitieux. Taxile Doat rentra en France et y poursuivit sa carrière. Il meurt à Sèvres en 1938.

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