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Cabinet dit « aux cavaliers »
Cabinet dit « aux cavaliers » - Mobilier Style Renaissance Cabinet dit « aux cavaliers » - Galerie Gabrielle Laroche
Réf : 92990
25 000 €
Époque :
<= XVIe siècle
Provenance :
France, Ateliers d’Avignon, Bas-Languedoc, Nimes
Materiaux :
Bois de noyer
Dimensions :
l. 142 cm X H. 222 cm X P. 55.5 cm
Mobilier Cabinet & Coffre - Cabinet dit « aux cavaliers »
Galerie Gabrielle Laroche
Galerie Gabrielle Laroche

Haute Epoque


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Cabinet dit « aux cavaliers »

Ancienne collection Jean Thuile

Peu avant la seconde moitié du XVIe siècle, la conception et l’ornementation du mobilier français évolue. L’ouverture de chantiers de très grande ampleur – au premier rang desquels celui du Château de Fontainebleau – donne aux artistes une impulsion nouvelle. On y développe des formules riches et inventives qui sont ensuite diffusées à travers toute l’Europe sous forme de recueils de gravures et d’estampes. En outre, les artistes italiens qui oeuvrent sur ces chantiers transmettent à la France entière le goût de l’antique.


Le corps inférieur s’élève sur une plinthe moulurée. Les panneaux de ses deux vantaux sont ornés de cavaliers vêtus à l’antique. Ils portent tous deux un étendard flottant au vent. A l’arrière plan, les murailles et les dômes d’une cité médiévale se distinguent, tandis que la nature est suggérée par quelques plantes et fleurs éparses qui complètent l’ornementation des ...

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... panneaux. Ces derniers, parfaitement symétriques, se répondent l’un l’autre. Une inscription nous indique que le personnage représenté n’est autre que Tibère (TIBERIUS). Des chutes de fleurs et de fruits retenues par une conque viennent agrémenter les montants latéraux et le dormant.

Deux tiroirs ouvrent en ceinture. Ils sont encadrés par trois modillons décorés d’une feuille d’acanthe. Sur chaque tiroir, des chevaux marins sortent des flots et s’affrontent de part et d’autre d’un mascaron grimaçant, sculpté avec la plus grande habileté et dont la bouche béante permet d’ouvrir les tiroirs.

Séparé du corps inférieur par une tablette largement débordante, le corps supérieur ouvre par deux vantaux dont l’ornementation reprend le thème des cavaliers. Ces derniers, montés sur des destriers plus agités, ont troqué leurs étendards pour une lance. Ils sont accompagnés de deux autres soldats en armes, assis au milieu de petits arbrisseaux. En arrière plan, du haut d’une muraille crénelée, un homme semble leur faire signe. Au loin, un bateau s’éloigne sur une mer calme. Les montants ont été laissés vierge d’ornementation.

Une frise couronne le corps supérieur. Deux chevaux marins au corps long et tortueux sont sculptés de part et d’autre d’une tête d’angelot ailé. Deux autres têtes d’angelot encadrent la frise.

Le meuble est couronné d’un fronton interrompu par un édicule. Les deux rampants triangulaires sont ornés de chevaux marins. Ils encadrent l’édicule accosté par deux extraordinaires chimères dont le corps feuillu et sinueux se contorsionne. Entre deux colonnes cannelées se tient un personnage sculpté en ronde bosse. Il pourrait s’agir de Neptune. Une imposante chevelure couvre sa tête tandis que des draperies gonflées par le vent s’envolent et cachent sa nudité.

Les côtés sont ornés de rosaces et de pennes d’oiseaux.


Cette armoire, à l’imposante structure et au décor riche et original rend admirablement compte de la production de la fin du XVIe siècle, imprégnée d’influences italiennes, bellifontaines et antiques.

Ce meuble illustre également l’intérêt porté par les commanditaires à l’histoire antique. En effet, elle devient une source d’inspiration très importante notamment à partir du dernier tiers du XVIe siècle. On avait alors à cœur d’exalter les modèles d’héroïsme et de grandeur politique. On redécouvre à l’occasion les grands auteurs grecs tels qu’Hérodote ou romains tels que Tite-Live, et l’on puise dans ces ouvrages quelques figures de héros et de conquérants antiques. Les graveurs, à l’image de l’anversois Martin de Vos, s’en inspirent et créent des modèles que les huchiers et sculpteurs choisissent pour orner les façades des plus beaux meubles.

A la fin du XVIe siècle, ce sont souvent Ninus (fondateur de l’empire d’Assyrie), Cyrus (fondateur de l’empire Perse), Alexandre le Grand et Jules César, qui sont représentés. Ces quatre personnages évoquent le thème d’origine biblique des Quatre Empires, qui rappelle la fragilité des conquêtes humaines.

Bien que l’ébéniste responsable de la réalisation du cabinet ici présenté n’ait pas figuré les Quatre Empires, il ne fait pas de doute qu’il s’en inspira et qu’il chercha à s’en rapprocher. C’est ainsi qu’il utilisa pour les panneaux du corps inférieur, la figure de l’Empereur romain Tibère. Ce dernier s’illustra à maintes reprises par son talent militaire, menant de nombreuses campagnes dont il sortit toujours victorieux.

Avec un ciseau très habile et une qualité d’exécution indéniable, il mêla à ces formidables figures équestres de très beaux animaux marins ainsi que divers motifs ornementaux, contribuant à faire de ce meuble une pièce d’un grand intérêt.


Bibliographie
THIRION Jacques, Le Mobilier du Moyen Age et de la Renaissance en France, Edition Faton, 1998

Galerie Gabrielle Laroche

Cabinet & Coffre Renaissance

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