Par Matthew Holder
Râpe à tabac en bois fruitier sculpté ornée de la Crucifixion et du Jugement dernier
France, fin du XVIIe siècle
Dimensions
• Hauteur : 18,5 cm
• Largeur : 7,5 cm
• Profondeur : 2 cm
Râpe à tabac en bois fruitier, richement sculptée, de forme rectangulaire allongée, terminée par la tête d'une bête grotesque aux yeux exorbités, aux narines dilatées et aux dents découvertes. La face avant est ornée d'une séquence verticale d'images sacrées en haut-relief. Au sommet, au milieu d'épais nuages, apparaît Dieu le Père coiffé d'une tiare papale, flanqué de deux anges et tenant devant sa poitrine la colombe du Saint-Esprit, les ailes déployées devant un nimbe radieux. Cette vision trinitaire préside à la Crucifixion du Christ, dont la tête inclinée et la silhouette amincie évoquent l'instant de la mort. Sous la croix, une tête de chérubin ailée symbolise la protection divine, posée au-dessus d'un crâne ailé, tel un mémento mori ...
... saisissant de la mortalité humaine. À l'extrémité, la tête hargneuse d'une bête fantastique se dresse face au spectateur, peut-être interprétée comme une créature du Jugement, évoquant les forces apocalyptiques du péché et de la damnation vaincues par la Passion. La composition est encadrée par une bordure tressée qui court sur tout le pourtour.
Le revers est orné d'une plaque de râpe en acier, percée de rangées de clous râpeurs à motifs, permettant de réduire les blocs de tabac pressé en fine poudre. Un trou perce la bouche de la bête, permettant d'extraire le tabac râpé, souvent utilisé comme tabac à priser. Une section triangulaire remplie est également présente au-dessus de l'oreille droite de la bête, mesurant 0,6 cm à son point le plus large et 2,5 cm de long, suggérant une réparation ancienne.
L'iconographie est soigneusement ordonnée, allant de la Trinité céleste, en haut, au sacrifice central du Christ, jusqu'à l'inéluctabilité de la mort et du Jugement dernier, en bas. Une telle disposition résume la préoccupation baroque pour le salut et la mortalité, ici dramatisée dans un objet d'usage quotidien. La juxtaposition d'images dévotionnelles et de la consommation de tabac est typique du goût de la fin du XVIIe siècle pour les objets de luxe moralisateurs, à la fois fonctionnels, didactiques et ornementaux.
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