Par Galerie Latham
Ce projet sculptural très particulier, est lié à l’histoire de la modernité genevoise. Il s’agit d’un « Pégase » en bronze de Frédéric Schmied (1893-1972), une sculpture emblématique (quoique finalement non réalisé à l’échelle 1), conçue pour la nouvelle aérogare genevoise de Cointrin (1962-1968), une architecture de Jean Camoletti (1891-1972) en association avec l’architecte Jean-Marie Ellenberger (1913-1988).
Il s’agit d’une maquette de présentation en bronze (H. 43 cm) sur un socle triangulaire original en bois, telle qu’elle figure reproduite dans l’ouvrage de référence publié en 1970 sur le sculpteur « Frédéric Schmied, statuaire, sculptures et dessins ». Ce fut pour lui un projet de commande très spécifique, conçu tel une ode mythologique et métaphorique à l’aviation, ce qui explique que le nom de l’architecte commanditaire, Camoletti, soit également gravé dans le bronze, au côté de celui de la mention du ...
... sculpteur-modeleur Frédéric Schmied. Il est daté expressément de 1962, date du début des travaux de la nouvelle aérogare, qui fut inaugurée en 1968.
Jean Camoletti appartient à une dynastie d'architectes actifs à Genève depuis le XIX* siècle. Il est le fils de Marc Camoldetti, architecte du musée d’Art et d’Histoire (MAH) et de la grande poste centrale de la rue du Mont-Blanc. Jean Camoletti travailla avec Jean-Marie Ellenberger à l'ancienne aérogare (1944) et la nouvelle aérogare (1968). Il est également l'auteur de l'Hôtel Cornavin (1931-1932) à Genève, ainsi que du cinéma Rialto. Lorsque la nouvelle aérogare fut inaugurée, en 1949, c'était l'un des plus grands aéroports européens qui entrait en fonction. Il pouvait accueillir 300 000 passagers. En 1956, ils étaient déjà 500 000. La disposition générale de ce premier aérogare est d'esprit absolument classique; il reprend les grandes règles de composition française et « il est parfaitement comparable à un château de l'époque Louis XIII. » (tel que le décrit en 2004 l’architecte suisse François Maurice). Mais le succès rencontré par les déplacements aériens était devenu tel qu'il fallut se rendre à l'évidence, une nouvelle aérogare était nécessaire : c’est à nouveau Ellenberger avec Camoletti et d’autres collaborateurs qui la construiront, ainsi que la spectaculaire tour de contrôle, récipiendaire de nombreux prix et qui fut rapidement intitulée « Goldorak » par les Genevois. (Ref : « Jean-Marie Ellenberger, un architecte moderne », par Sylvie Doriot Galofaro, 212 pages, éditions Slatkine, 2020)
Le sculpteur Frédéric Schmied, quant à lui, est peut-être encore méconnu des genevois, bien qu’il soit l’auteur des fameuses deux statues équestres du quai Turrettini. L’artiste a vécu au quatrième étage de l’immeuble où habita également Ferdinand Hodler, au 29, Quai du Mont-Blanc. Son atelier se trouvait à la Rampe du Pont-Rouge. Son oeuvre est prolifique, et ce sont ses représentations de chevaux notamment, en d’admirables dessins et sculptures, parfois monumentales, qui lui ont apporté une certaine notoriété.
Né à Zurich, mais naturalisé Genevois, Frédéric Schmied s’établit à Genève en 1916. Il y épousa Judith L’Eplattenier (1908-2003), la fille Charles l’Eplattenier, promoteur de l’Art Nouveau dans la région neuchâteloise, elle aussi artiste-pastelliste. Frédéric Schmied aime les sports. Frédéric Schmied a exécuté de nombreux bronzes d'athlètes, et est toujours resté fidèle à la figuration.
À l'Ecole des Beaux-Arts de Genève, Schmied suivit les cours de dessin et de peinture de David Estoppey et ceux de modelage du statuaire James Vibert, il fut même durant trois ans l'assistant de ce dernier. Reçu citoyen de Genève en 1922, la Ville lui accorda une bourse et deux fois, il obtint celle de la Confédération. Des voyages d'études le conduisirent notamment à Paris, Londres, Florence, Rome, Naples, Barcelone, Münich, Vienne et Stockholm, Frédéric Schmied participa à de nombreuses expositions en Suisse et à l'étranger, à la Biennale de Venise en 1926, au concours d'art des Olympiades de Paris 1925. Il reçut plusieurs prix lors de concours de sculpture à Genève et Zürich. Divers musées suisses et collectionneurs privés possèdent ses sculptures. Pour la Ville de Genève, il a exécuté notamment les deux statues équestres en pierre du Quai Turrettini, une statue en marbre "Lutteur au repos " pour le Stade de Richemont, un relief en pierre "St-Martin" a Plainpalais.
Cette maquette en bronze du « Pégase » , cheval ailé symbole de pureté et de pouvoir divin, est une oeuvre particulièrement élégante dans son élan et sa représentation mythologique. Elle constitue un marqueur bien référencé de la fin de la carrière du sculpteur. Sa patine sombre est de très belle qualité. Il n’y a pas de mention du fondeur, mais tout laisse penser qu’il s’agit d’un tirage unique, un modèle de démonstration pour un projet qui ne sera jamais réalisé en monumental. peut-être parce qu’il fut jugé finalement trop « classique » pour l’extension contemporaine de Cointrin.
Retrouver le mobilier ou les objets d''art similaires à « Pégase - Frédéric Schmied (1893-1972) » présenté par Galerie Latham, antiquaire à Genève dans la catégorie Sculpture en Bronze Années 50-60, Sculpture.