Par Galerie Lamy Chabolle
DEMANDE D'INFORMATIONS
Mobilier et objet d'art des XVIIIe, XIXe et XXe siècle
Marbres rosso antico et giallo antico.
Rome.
Fin du XVIIIe siècle, début du XIXe siècle.
h. 28 cm.
Le vif contraste entre les marbres de ces obélisques, la profondeur du rosso antico et l’ocre du giallo, évoque le goût de la Rome antique pour les marbres polychromes redécouvert à l’époque du Grand Tour. Les marbres sont taillés dans la masse, et non plaqués, et la découpe des profils est nette et maîtrisée, les arêtes n’ayant été adoucies que par l’usure du temps. Leur format et leur exécution en font l’un des exemples particulièrement raffinés de réductions architecturales produites à Rome au début du XIX? siècle.
Ces objets appartiennent à une catégorie plus large de « souvenirs » en marbre réalisés pour les voyageurs élitaires du Grand Tour à partir de la seconde moitié du XVIII?. Le choix, à l’époque plus coûteux, plus exigeant techniquement, d’un rosso antico massif témoigne d’une production plus ancienne, ...
... vraisemblablement destinée à une clientèle élitaire, et antérieure au tournant du milieu du XIX? siècle qui voit la vulgarisation de reproductions architecturales de moindre qualité, souvent plaquées et faites dans des matériaux moins nobles. Les obélisques miniatures, au même titre que les temples, colonnes et réductions de sculptures, formaient la base du répertoire de cette « industrie du souvenir », selon l’expression de Francis Haskell. Leur format compact et leur clarté architecturale les rendaient particulièrement adaptés aux présentations dans les études et cabinets des grands touristes.
Bien qu’il soit, faute de signature, pratiquement impossible de mettre un nom sur les ateliers à l’origine de la plupart des reproductions architecturales de ce genre, les marbres choisis et la qualité de la taille correspondent incontestablement à la manière des ateliers romains de la fin du XVIII? et du début du XIX? siècle. L’usage de marbres antiques comme le rosso antico et le giallo antico, extraits ou remployés à partir de fragments plus anciens, visait manifestement une clientèle de connaisseurs exigeants et constitue un indéniable signe de qualité. L’atelier Boschetti, entre autres, est connu pour avoir produit des architectures miniatures d’une qualité comparable, et dans les mêmes matériaux. Le raffinement de ces deux obélisques, la précision de leur taille et le choix de ses marbres traduisent les idéaux du collectionnisme néoclassique à son apogée. Plus que de simples souvenirs et plus que de simples objets de décoration, de telles pièces constituaient l’expression des ambitions culturelles des collectionneurs, fiers d’avoir accompli le pèlerinage artistique du Grand Tour. Une fêlure discrète est visible sur l’un des obélisques.