Comme Louis XIV, Napoléon voulut marquer de son sceau le style de son règne et y réussit trop bien c'est-à-dire imparfaitement. D'abord parce que ce style procède d'un esprit de système, puis parce qu'il ne bénéficia pas d'un longue durée, enfin parce que, pour des raisons politiques et économiques, le style initial évolua vers le milieu du règne.
L'objectif était de donner une impression de grandeur dans la sobriété, de richesse dans l'austérité, autrement dit, de luxe et de respectabilité. Pour atteindre ce but, l'acajou massif, le marbre et le bronze doré convenaient très bien.
Grand Gueridon Empire 1815
Coiffeuse Empire vers 1820
On garda les motifs "à l'antique"; on en ajouta d'autres: aigle, étoile, cygne, bouclier, glaive, lyre, abeille, etc. on augmenta les sections des éléments de construction, ce qu'il fait "riche" quand il s'agit de matériaux coûteux. Ce fut l'époque des lourds guéridons circulaires à plateau de marbre. On aboutit également à des sièges extrêmement lourds, or, le poids, loin d'être une garantie de solidité, est une cause de fragilité.
En 1810, une des conséquences du Blocus Continental fut l'interdiction d'importer le bois d'acajou. Les ébénistes durent se contenter des ressources européennes et on vit le chêne, le hêtre, le noyer voisiner avec des bois de pays aux colorations très délicates comme l'olivier, le buis ou le citronnier. En conséquence, l'aspect général du Style Empire fut différent.
A la même époque et pour la même raison, on cessa de fabriquer ces majestueux fauteuils dont les éléments étaient taillés dans de véritables billes d'acajou. On chercha un compromis avec le style Directoire en abandonnant toutefois les dossiers renversés à montants à crosses. Les dossiers furent carrés, le bois formant un large cadre autour de la garniture. La plupart de ces sièges sont ornés de sculptures reproduisant les éléments de décor énuméré plus haut, peints en blanc et dorés sur les reliefs. Mais la peinture peut voiler bien des supercheries et des fabricants peu consciencieux ont préféré remplacer les motifs sculptés à plein bois par des motifs moulés et rapportés qui n'ont pars toujours supporté victorieusement l'épreuve du temps.