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Glossaire des Arts Décoratifs

Commode

Plusieurs objets de parure et d'ameublement semblent avoir reçu le nom de commode. Saint-Simon parle de coiffures qu'on portait de son temps, mais aussi on entendait, au début du XVIIIe siècle, un siège, sans doute une "chaise commode", synonyme de la chaise longue ou chaise de commodité.

L'origine de la commode

Quoi qu'il en soit , un seul meuble a conservé ce nom de commode, c'est la basse armoire à tiroirs et à dessus de marbre, que nous voyons encore aujourd'hui. Il serait, croyons-nous assez difficile de déterminer l'année exacte ou la commode apparut; mais fixer à quelques années près la date de cette apparition n'est pas impossible.
Tout d'abord, il convient de remarquer que Richelet, Furetière et l'Académie (2e édition, 1696) ne connaissent pas ce terme; il n'est donc pas antérieur à la fin du XVIIe siècle. D'autre part, le Dictionnaire de Tréoux dit: "Ce mot est nouveau", et les premières mentions que nous en rencontrons remontent à 1708. Dans un rapport que le duc d'Antin adresse à Louis XIV, le 3 juillet de cette année, il écrit: "en venant ici, j'ai passé par Paris, pour voir chez Guillemar les deux commodes qu'il fait pour la chambre de Votre Majesté a Marly; il y a plus que les tiroirs à faire"

Commode d'époque XVIIIe siècle
Commode d'époque XVIII° siècle

Commode marquetée d'époque premier tiers du XVIIIe siècle
Commode marquetée d'époque premier tiers du XVIIIe siècle

Quant à l'origine même du meuble et de son nom, c'est chose plus facile encore à déterminer. Jusqu'à la fin du XVIIe siècle, on garda l'habitude de conserver les effets de corps, lingeries, vêtements, dans des coffres qui s'ouvraient par le couvercle et qui ne laissaient pas, par conséquent, que d'être fort incommodes. On avait bien eu, il est vrai, la sage précaution de les exhausser sur un pied, pour ne pas avoir la peine de se baisser chaque fois qu'on y voulait prendre quelque objet; mais il n'en fallait pas moins bouleverser tout ce que le coffre contenait pour arriver à saisir ce qui se trouvait au fond.

Un homme extrêmement ingénieux, dont nous regrettons de ne pas savoir le nom, eut l'heureuse idée de diviser le coffre en un certain nombre de compartiments superposés et de faire fonctionner ces compartiments isolément, en leur donnant la forme de tiroirs. Cette disposition nouvelle supprima de nombreuses incommodité; de là le nom de commode qui prit le meuble nouveau.

Cette commodité caractéristique aida beaucoup à propager la mode de ces coffres qui rendaient de réels services. Par l'inventaire qui suivit l'incendie des ateliers de Boulle (30 août 1720), nous apprenons que cet éminent ébéniste comptait, parmi les ouvrages de commande brulés et péris huit commodes différentes de marqueterie de bois violet et autres couleurs ornée de bronze, Voilà qui prouve, semble t-il, qu'en 1720 la fabrication de ce meuble utile était en pleine floraison. Ajoutons qu'à partir de cette date on rencontre les commodes un peu partout et même dans les intérieurs relativement modestes. Apartir de 1740, il n'est pas de vente ou l'on n'en trouve, et souvent plusieurs à la fois.

La commode au XVIIIe siècle

Ce sont d'abord ces belles commodes de Boulle, hautes sur pied, ayant quelque peu la forme d'un cercueil, comme la superbe "Commode en Tombeau", premiere partie de Boulle, à quatre pieds de biche", qui figurait dans la celèbre collection de Randon de Boisset. Faits d'ébène ou d'écaille marquetée de cuivre, ces meubles admirables, que Dargenville nous présente comme l'ornement de la célèbre collection de Blondel de Gagny, et qui figurent avec honneur dans les cabinets les plus fameux de ce temps, ces beaux meubles, disons-nous, ont leur place marquée parmi les chefs-d'oeuvre du mobilier de la Couronne, ou nous rencontrons "deux belles commodes de marqueterie de cuivre et d'écaille, dont le dessus est de marbre griotte, ayant chacune trois grands tiroirs, dont les entrées de serrure et les anneaux sont de bronze doré, les commodes portées sur quatre griffes de lion de bronze doré.

Mais bientôt cette magnificence semble un peu trop solennelle. Les grands ébénistes de l'époque, Boulle lui-même, comme le prouve son inventaire de 1720, substituent des mosaïques de bois aux somptueuses marqueteries d'écaille et de cuivre, qui avaient eu tant de vogue sous Louis XIV. C'est le moment ou la commode va gondoler ses formes, chantourner ses profils et, se couvrant d'aimables combinaisons de bois artistement nuancés, atteindra, sous le nom de commode à la Régence, son maximum d'ampleur, de beauté et d'élégance.

Commode Louis XIV
Commode Louis XIV

Commode tombeau Louis XIV marqueterie bois de rose violette
Commode tombeau Louis XIV marqueterie bois de rose violette

Le XVIIIe siècle, fut la grande époque de la commode; mais surtout dans sa première moitié.
>> Commodes du 18ème siècle

C'est alors le temps de ces beaux meubles gondolés, chantournés en rinceaux, se terminant en palmes frisées, dentelées, ciselés, ou en chicorées mousseuses.
Mais à partir de 1760, la commode, en se faisant plus austère, perd de son charme. Fait à peine croyable, les première commodes à la grecque figurent dans l'Inventaire de Mme de Pompadour. La fantaisie, qui avait donné à ce beau meuble de si redondants attraits, disparait alors. Les profils chantournés font place aux lignes droites, et la raideur remplace cette soupless étonnante, qui communiquait à cette belle commode à la Régence ou à la commode en console une si magnifique ampleur. Pendant quelque temps encore, on cherche à rappeler les formes arrondies en adjoignant aux deux côtés du meuble des étagères qui en diminuent la sévérité et adoucissent la raideur des angles. En même temps, l'ornementation s'alourdit, les bronzes deviennent pesants; les frises néo-grecques et les mascarons essayent de donner à ce meuble, fantaisiste entre tous, des allures classique toutes les formes, même celles qui résultent de la construction, provoque une surcharge d'attributs inutiles, dont l'effet est à la foispesant et fâcheux.

L'empire ajoute encore à l'aspect alourdi de ces meubles, la commode empire est dépourvu de grâce. Avec lui la marqueteie achève de faire place à l'acajou surchargé d'ornements.L'étonnante finess de ciselure que les Gouthière et les Riesener prodiguaient aux bronzes de leur meubles s'atténue. Les attributs guerriers se multiplient, les casques surmontent les chutes; les faisceaux de piques ourlent les angles; des trophées dissimulent, sur la face principale, le jeux de trophées dissimulent, sur la face principale, le jeu des tiroirs.