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Fragment sculpté d’un serpent harnaché, époque romaine
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Réf : 122680
7 500 €
Époque :
Avant JC au Xe siècle
Provenance :
Empire romain
Materiaux :
Marbre
Dimensions :
l. 13 cm X H. 28 cm X P. 13 cm
Archéologie  - Fragment sculpté d’un serpent harnaché, époque romaine Avant JC au Xe siècle - Fragment sculpté d’un serpent harnaché, époque romaine  - Fragment sculpté d’un serpent harnaché, époque romaine Antiquités - Fragment sculpté d’un serpent harnaché, époque romaine
Desmet Galerie
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Sculptures classiques


+32 (0)486 02 16 09
Fragment sculpté d’un serpent harnaché, époque romaine

Rarement, dans le contexte art-historique, nous sommes amenés à étudier une pièce aussi singulière, au dossier tout aussi intriguant. À première vue, cet élément sculpté ne semble ressembler à rien d’immédiatement identifiable, et en vérité, il peut légitimement être considéré comme un unicum dans le panorama de l’art romain ; pourtant, il recèle des aspects permettant une enquête approfondie sur le mythe grec et les cultes archaïques. Le matériau de composition est un marbre blanc d’un grain relativement fin, probablement soit un Pentélique s’il est d’origine grecque, soit un lunense s’il est italien.

On y distingue des laçages du type du « caestus ». Ils évoquent des harnais, un joug ou un bridon d’une certaine complexité. De plus, les autres éléments présents suggèrent que le fragment pourrait constituer le corps d’un grand serpent. Nous relevons trois principales représentations : l’une avec des écailles pour le dos, une ...

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... seconde avec des cannelures ondulées pour le ventre, et enfin des éléments anthropomorphes. La caractérisation artistique du ventre, surtout dans un contexte polychrome, est extrêmement pertinente pour le monde des reptiles. Des détails analogues — comme des taches noirâtres formant un motif ondulant — ne sont pas étrangers à l’anatomie des serpents de la famille des colubridés. Les laçages et bandes de formes variées et d’une fine exécution — incluant une ceinture à boucle sur le dos — indiquent l’importance de ce qui était attelé. Sur le dos, une légère voûte est perceptible, un indice de la présence d’une colonne vertébrale.

Quelques éléments techniques intrigants sont révélés par la présence de légères traces de gradine (ciseaux gradinés) sur la portion supérieure du ventre, sur une petite partie du haut du dos, et sur plus de la moitié du flanc droit. Il s’agit là de zones manifestement inachevées, où ni les écailles ventrales ni dorsales ne sont présentes, ce qui nous conduit à constater que l’œuvre — caestus (peu probable) ou torse de serpent (probable) — n’a pas été achevée pour des raisons inconnues.

La présence de harnais sur un serpent renvoie immédiatement au mythe de Déméter et de Perséphone (Kore), à l’enlèvement de cette dernière et à la naissance du culte des mystères d’Éleusis. Le char de la grande déesse de l’agriculture et des moissons était attelé par deux serpents, dans les récits mythiques présentés comme des dragons — ????????? —, représentés artistiquement comme des reptiles dépourvus de pattes — souvent munis de crêtes et de caroncules — mais parfois dotés d’ailes. De nombreux sarcophages représentent Déméter sur un char attelé par deux serpents, en quête de sa fille — enlevée par Hadès, roi des Enfers —, mais ce char n’est pas un attribut qui ne puisse être lié qu’à la Grande Mère. Triptoleme, fils du roi d’Éleusis, reçut un char identique — sinon le même — de Déméter afin d’instruire les peuples du monde à cultiver, devenant ainsi son émissaire et jetant les fondements ancestraux — bien que non institutionnalisés — du célèbre culte initiatique déjà évoqué, une réalité mystique qu’adhérèrent dans l’Antiquité des figures illustres telles que les empereurs Auguste, Hadrien et bien d’autres. Un excellent résumé du mythe est donné par Pseudo-Hygin, Fabulae 147 :

« Quand Déméter cherchait sa fille, elle vint au roi Éleusinos, dont l’épouse Cothonéa avait enfanté le garçon Triptoleme… À Triptoleme elle [Déméter] conféra un honneur éternel, car elle lui donna son char attelé de serpents pour répandre la culture du grain. En le montant, il sema le grain à travers toute la terre. Lorsqu’il revint, Céléus lui ordonna d’être tué pour ses bienfaits, mais lorsqu’on sut cela, sur l’ordre de Cérès il donna le royaume à Triptoleme, qui l’appela Éleusis d’après le nom de son père. Il institua aussi des rites sacrés en l’honneur de Cérès, que les Grecs nomment Thesmophoria. »

Des éléments immédiatement identifiables apparaissent dans la pièce étudiée : les écailles et les jougs. Les ailes n’ont manifestement pas subsisté, mais leur présence antérieure ne peut être exclue. D’autres parallèles artistiques se dégagent si l’on scrute le domaine glyptique. Dans une magnifique camée en sardonyx du milieu du Ier siècle ap. J.-C., nous voyons deux figures — Déméter et Triptoleme — sur un char tracté par des serpents ailés. Le bijou en question — qui fut aussi la propriété de Louis XIV —, aujourd’hui conservé au Cabinet des Médailles, est réputé représenter Claude et son épouse Messaline — ou peut-être Agrippine la Jeune — dans leurs rôles divins susmentionnés. L’empereur disperse des semences depuis son paludamentum, tandis que sa consorte, avec des épis de blé et des capsules de pavot à sa gauche, se penche vers l’avant pour inciter les deux grands reptiles ailés.

Il ne peut donc subsister aucun doute quant à ce que représente cet élément en marbre présenté ici, mais la question de son contexte — tant mythologique que d’usage pragmatique — reste ouverte. En vérité, ce dernier point se prête aisément à de nombreuses conjectures possibles. Ce qui est certain, c’est qu’un fragment sculptural de ce type revêt une importance tout à fait unique dans le panorama antiquaire, puisqu’aucun objet serpentiforme muni d’un joug n’est répertorié dans une collection publique — sans même évoquer, bien sûr, les éléments décoratifs de bas-reliefs apposés sur des sarcophages. En l’occurrence, il s’agit d’un fragment doté d’une indépendance spatiale très importante, avec des traces d’ouvrage bien définies et inachevées, ce qui le rend unique sur les plans stylistique et art historique. »

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