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L’évanouissement d’Esther devant Assuero, école française du 18e siècle
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Réf : 112987
VENDU
Époque :
XVIIIe siècle
Provenance :
France
Materiaux :
Huile sur toile
Dimensions :
l. 71 cm X H. 80 cm X P. 7 cm
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Antiquités Européennes


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L’évanouissement d’Esther devant Assuero, école française du 18e siècle

Disciple de Jean-François de Troy
L’évanouissement d’Esther devant Assuero

La très belle peinture, réalisée à l’huile sur toile, représente L’évanouissement d’Esther devant Assuero.
Esther est un personnage de la Bible hébraïque et de l’Ancien Testament chrétien. Il existe deux versions du récit d’Esther, l’une traditionnelle en hébreu et l’autre en grec ; toutes deux racontent la même histoire, mais les noms, les dates et les lieux sont différents. Le texte grec amplifie le contenu de l’original hébreu et en rend explicite la signification religieuse.

Esther est la fille d’Abigaïl de la tribu de Benjamin, l’une des deux tribus qui constituaient le royaume de Juda avant sa destruction par les Babyloniens et la déportation, en 597, de l’élite du royaume dans les provinces de l’empire perse. Jeune femme juive, elle est une figure héroïque, car, grâce à son courage, elle sauve son peuple persécuté par les hostilités ...

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... d’Aman, ministre du roi de Perse.
À la mort de ses parents, Esther est adoptée par son cousin Mardochée, dignitaire de la cour. À la suite du rejet de sa femme par le roi, Mardochée présente sa cousine Esther à la cour d’Assuérus. Le roi en tomba tout de suite amoureux et, tout en ignorant ses origines, il la choisit comme épouse. Lorsque le Premier ministre Aman décida d’exterminer tous les Juifs du royaume, Mardochée, qui veilla toujours sur Esther, l’exhorta à se présenter au roi pour intercéder en faveur de ses compatriotes.
La scène dépeinte ici rappelle le moment dramatique où Esther, en présence d’Assuero, s’évanouit devant le souverain en colère pour son audace. En effet, quiconque ose se présenter spontanément devant le roi est passible de la peine de mort. Cependant Assuero, impressionné par l’audace de sa jeune et belle épouse, lui permit d’exprimer sa demande. Grâce à l’intercession d’Esther, l’édit fut annulé.
Dans cette peinture, nous pouvons observer l’épisode décrit dans la moitié inférieure de la toile. Esther s’évanouit dans les bras de deux servantes, tandis qu’immédiatement à ses côtés Assuérus se lève du trône et, dans l’étonnement et l’inquiétude, tourne le regard vers sa femme inanimée. Avec sa main gauche, il prend le sceptre d’or qu’il place sur les épaules d’Esther, indiquant donc qu’il veut l’écouter, lui sauvant la vie. Le dépassement de cette difficulté souligne l’héroïcité de l’action d’Esther qui, pour contribuer au salut de son peuple, est prête à payer de sa personne. Derrière Assuero, certains personnages de la cour assistent avec pathos à la scène, certains lèvent les mains, d’autres se penchant de la séance avec émerveillement, tous contribuant à exalter la grande drame du moment décrit. Les personnages impliqués sont dépeints dans la splendeur de la royauté. Assuero porte un manteau en fourrure et un turban avec des pierres précieuses centrales; Esther habille une robe en soie et porte des perles et des bijoux.
Au second plan est décrit le riche palais d’Assuero : un grand rideau sur la gauche déplace l’architecture en créant une cinquième pour la scène principale. Sur la droite, des colonnes tortillas et doriques exaltent la magnificence du palais.
À l’extrême droite, deux hommes y sont représentés. L’un soutient de la main droite un document papier qui veut rappeler la menace imminente, Aman et l’édit lui-même qui sera bientôt annulé.

Cette peinture est certainement inspirée d’une gravure de Jacques Firmin Beauvarlet (Abbeville 1731 - 1797) tirée d’une peinture de Jean-François de Troy (1679 - 1752). Jean-François de Troy prépare entre 1736 et 1742 sept cartons avec Les Histoires d’Esther pour la réalisation de tapisseries de Gobelin. Celui représentant Le Évanouissement d’Esther, conservé au Grand Palais du Musée du Louvre, fut réalisé en 1737.
L’auteur de la peinture en objet décide de travailler sur un format vertical par rapport à celui horizontal de la gravure et du tableau de Jean-François de Troy. Il choisit donc de sacrifier légèrement la figure masculine à gauche, mais surtout les trois personnages à droite. Dans la gravure, nous pouvons mieux reconnaître la figure d’Aman, assis et tenant dans la main le rouleau de l’édit, entouré par deux autres conseillers qui suivent stupéfaits la scène au premier plan. L’impression de la gravure est spéculaire à celle du carton de Jean-François de Troy puisque Jacques Firmin Beauvarlet grave au positif, mais le processus d’impression, prévoyant le retournement de la plaque métallique (traditionnellement en cuivre) placée sous le pressoir, va créer une image symétrique de l’original.
Jean-François de Troy (Paris, 27 janvier 1679 - Rome, 26 janvier 1752), inventeur donc de la composition du tableau et auteur des cartons pour les tapisseries, fut encouragé par son père, François de Troy (1645-1750), portraitiste connu, à passer quelques années en Italie, pour apprendre l’art de la peinture. [...] Il a été actif dans la réalisation de plusieurs dessins pour tapisseries et tapisseries de la Manufacture des Gobelins. [...]
On connaît aujourd’hui plusieurs versions autographes ou attribuées à lui, de l’Évanouissement d’Esther. Certaines sont presque identiques, d’autres proposent une approche et un environnement différents. La version utilisée pour les tapisseries a également eu une chance différente. Quelques peintures tirées du carton et la gravure de Jacques Firmin Beauvarlet en témoignent. L’impression de cette gravure fut également diffusée et reproposée et le tableau étudié ici en est un témoignage précieux.
Jacques Firmin Beauvarlet, célèbre graveur, est né à Abbeville en 1731. Il est allé à Paris et a étudié avec Charles Dupuis et Laurent Cars. Sa première manière se manifesta audacieuse et libre, tandis qu’il se distingua par la suite par des impressions exécutées avec une grande netteté et délicatesse. Beauvarlet se marie en 1761 avec Catherine Jeanne Françoise Deschamps qui possède une certaine habileté dans la technique de la gravure. Malheureusement, elle mourut en 1769 à 31 ans. Beauvarlet se remaria en 1770, mais resta veuf à nouveau en 1779. Huit ans plus tard, en 1787, il épouse Marie Catherine Riollet (Paris 1755-1788), qui, comme sa première épouse, est graveur. Beauvarlet fut graveur du roi et eut son atelier rue St. Jacques à Paris, où il mourut en 1797.
En conclusion, l’auteur de ce tableau doit être recherché dans le domaine français, parmi les adeptes de Jean-François de Troy, actif dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.

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