Par Galerie Philippe Guegan
Portrait de Marie Caroline d'Autriche, reine de Naples (1752-1814)
Huile sur panneau non parqueté : 36 x 27 cm
Cadre en bois sculpté et doré d’époque Louis XVI : 48 x 39,8 cm
L’archiduchesse Marie Caroline de Habsbourg Lorraine nait le 13 aout 1752 à Schönbrunn, treizième enfant de François Ier de Lorraine, empereur du Saint Empire et de l’impératrice Marie Thérèse d’Autriche reine de Bohème et de Hongrie. Mariée en 1768 avec le roi de Naples Ferdinand IV , elle est la sœur ainée de la reine de France Marie-Antoinette et est l’auteur d’une très importante descendance - quarante-six petits enfants - dans les maisons d’Autriche, de Bourbon-Siciles, et d’Orléans. Elle est notamment la grand-mère de deux icones du XIXe siècle, l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche (1791-1847), seconde épouse de Napoléon, puis duchesse de Parme, et la princesse Marie-Caroline de Bourbon Siciles (1798-1870), la célèbre duchesse de Berry.
Personnage ...
... controversé de l’Histoire, la reine de Naples fut beaucoup calomniée. Farouche ennemie de la Révolution, elle avait pris un ascendant politique sur son mari, peu intéressé par les affaires publiques. Elle osa s’opposer à son beau-père Charles III d’Espagne, à Napoléon, et fut contrainte à de nombreux exils, notamment quand Naples fut occupé par les Français à partir de 1806. Elle mourut à Vienne en 1814, à la veille du congrès qui devait restaurer son époux sur le trône des Deux Siciles.
Parmi les nombreux portraits de la reine de Naples, celui peint par Madame Vigée Lebrun est sans aucun doute le plus beau. Effigie royale et splendide, notre tableau est une répétition en petit format, un « recordo », du portrait, peint à Naples en 1791, par Elisabeth Vigée le Brun. A l’époque la portraitiste attitrée de la reine Marie Antoinette avait fui la France et la Révolution, et entamait un long voyage d’exil à travers l’Europe, qui devait la conduire jusqu’en Russie. Après un premier séjour de huit mois à Rome, elle s’était établie à Naples au printemps 1790, où par l’intermédiaire du baron de Talleyrand , ambassadeur de France, la reine de Naples lui commanda les portraits de ses enfants : deux de ses filles à marier, les princesses Marie Thérèse et Louise , mais également le prince royal François et la jeune princesse Marie Christine . Madame Vigée Le Brun accepta de venir une nouvelle fois à Naples au printemps 1791, pour peindre ce portait officiel de la reine.
« Sitôt que j'avais été de retour à Naples, j'avais commencé le portrait de la reine […] il faisait alors si cruellement chaud, qu'un jour qu'elle me donnait séance, nous nous endormîmes toutes deux. Je prenais plaisir à faire ce portrait. La reine de Naples, sans être aussi jolie que sa sœur cadette, la reine de France, me la rappelait beaucoup ; son visage était fatigué, mais l'on pouvait encore juger qu'elle avait été belle ; ses mains et ses bras surtout étaient la perfection pour la forme et pour le ton de la couleur des chairs. Cette princesse, dont on a dit et écrit tant de mal, était d'un naturel affectueux et très simple dans son intérieur ; sa générosité était vraiment royale. »
Ce tableau aujourd’hui n’existe plus, car il fut malheureusement détruit dans un incendie aux États Unis en 1940 . Il ne nous est plus connu que par une photo noir et blanc et des répétions telles que la nôtre, qui nous permettent d’en apprécier la polychromie.
La composition peut se lire comme un hommage appuyé à la reine de France retenue prisonnière aux Tuileries après l’échec terrible de la fuite à Varennes de juin 1791, car ce tableau fait écho, dans un cadrage plus serré, au très royal portrait de Marie Antoinette à la robe de velours bleu, peint quelques années auparavant en 1788 . Dans ce portrait de la reine de Naples, Vigée Le Brun souligne le lien de parenté des deux reines non seulement par la ressemblance du modèle avec sa cadette la reine de France, mais elle compose le tableau selon « un habillement répété » dont elle modifie les coloris. Même pose assise un livre dans la main droite et le bras gauche appuyé sur un coussin, même robe de velours bleu, prise à la taille sur jupe de satin rouge pour la reine de Naples et satin blanc pour sa sœur la reine de France, même coiffure bouffante, toque de satin et de gaze empanachée de plumes d’autruche assorties, même parure de perles, même décor palatial faisant apparaitre une colonne sur la gauche.
Le portrait de Marie Antoinette de 1788 avait lui-même des précédents dans la peinture de Jean Marc Nattier, comme le portait de Madame Adélaïde en robe de velours bleu tenant une partition (1758) ou le portrait de la reine Marie Leczynska lisant la bible (1748), tableaux que Madame Vigée Le Brun connaissait bien et dans lesquels elle puise certaines formules.
Parmi les versions connues de notre portrait de la reine de Naples, se distingue un ensemble de réductions, d’un format identique au nôtre, visiblement exécutées pour l’entourage de la reine, probablement pour ses enfants, car elles se sont transmises dans la descendance du modèle.
- Le musée Condé à Chantilly conserve un premier portrait de dimensions similaires, qui provient des collections d’une des filles de la reine, la princesse Marie-Amelie de Bourbon Sicile, duchesse d’Orléans, puis reine des Français (1782-1866) .
- Une deuxième version, identique à la nôtre : de même dimension et également peinte sur panneau, provenant d’une autre fille de la reine, la princesse Maria Cristina de Bourbon, duchesse de Genova, puis reine de Sardaigne (1779-1849) fut vendue à Munich en 2014 .
- Une troisième version, également identique à la nôtre, de même dimension et également peinte sur panneau, figurait dans la collection du prince Al-Thani à l’hôtel Lambert .
Notre portait, très finement exécuté sur panneau, est donc, à notre connaissance, le quatrième exemplaire identifié de ces recordos du tableau de Naples.
Joseph Baillio signale une autre réplique de petit format, peinte sur panneau, d’un portrait « napolitain » de Madame Vigée Le Brun, celui du prince royal François, qui figurait dans la vente de la collection de la princesse de Faucigny Lucinge en 1924 .
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