Par Franck Baptiste Provence
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Belle sculpture gothique taillée dans un demi-tronc de tilleul représentant l’apôtre Saint Paul appuyé sur son épée.
Il est vêtu de son long manteau de pèlerin qui le couvre de la tête aux pieds.
Le vêtement aux drapés complexes alterne ondulations douces et brusques saillies anguleuses avant de retomber en plis cassés sur les pieds du saint.
Sa pose semble alanguie, avec une tête légèrement inclinée qui nous offre un visage étroit aux yeux en amende et une bouche légèrement entrouverte sous laquelle pend une longue barbe aux mèches striées.
Ses longs doigts osseux enserrent le pommeau de son épée.
Belle polychromie d’origine avec une carnation pâle appliquée en deux couches, une sous couche rouge à base de vermillon, recouverte par une couche rosée à base de blanc de plomb.
Le manteau doré à la feuille sur la face externe sur une assiette rouge qui a été laissé apparente sur la face interne.
Le revers évidé à la gouge ...
... et à l’herminette présente d’anciennes traces de fixation à un retable.
Petite cavité rebouchée par une pièce de bois sur la tête (trace de fixation dans l’étau de l’établi du sculpteur).
Très bel état de conservation, petites fentes ; manques et petites restaurations d’usage à la polychromie.
Région Souabe, atelier du sculpteur Daniel Mauch*, Ulm vers 1500-1510.
Dimensions :
Hauteur : 84 cm ; Largeur : 30 cm.
Les caractéristiques physiques de nôtre Saint Paul (visage étroit et osseux, nez fort, yeux étirés en amande, bouche entrouverte, longs doigts osseux, barbe striée..) sont à rapprocher des traits des deux ermites présents sur le haut relief du musée du Louvre (N° Inv RF2805) représentant « deux papes, un cardinal, un chanoine et sept moines ».
Les plis du manteau sont quant à eux à rapprocher des manteaux de la Saint Anne conservés au musée Grobet-Labadié de Marseille (N°Inv GL 582) et de la Sainte Barbe du musée d’Amiens (N°Inv 3057).
Notre avis :
Chef d'œuvre de la sculpture Souabe, notre Saint Paul provient du volet senestre d’un important retable réalisé par l’atelier du sculpteur Daniel Mauch.
Même si la majorité de ces grands retables ont été démantelés et vendus, nous pouvons encore admirer quelques exemplaires en place dans les églises du Sud de l’Allemagne.
Ces derniers permettent de mieux comprendre l’origine de ce type de sculptures au dos évidés.
Conformément aux canons gothiques du Nord de l’Europe, notre sculpteur a choisi de tout miser sur un manteau aux plis complexes qui laisse seulement apparaître le visage de l’apôtre.
Si l’épée est bien l’instrument du supplice de Paul de Tarse, elle est aussi le symbole de la parole divine.
Saint Paul n’est pas représenté en simple martyre, mais en chevalier actif de la foi, prêchant et convertissant ses auditeurs,
Il le dira lui-même dans sa lettre aux Ephésiens (6,17) : « Recevez enfin le glaive de l’Esprit, c’est-à-dire la Parole de Dieu ».
La bible fait allusion à de nombreuses reprises à l’épée du saint : « Comme un glaive, la Parole de Dieu peut pénétrer très profondément dans le cœur de celui qui est touché par son message ».
*Daniel Mauch (Ulm 1477-Liège 1540) est un sculpteur originaire de Souabe, dans la partie occidentale de la Bavière actuelle. Il semble qu’il ait quitté sa ville d’Ulm, où il était un artiste réputé, en raison du basculement de celle-ci dans le protestantisme, ce qui obligeait à l’exil les citoyens souhaitant demeurer dans le giron de l’Église catholique.
Ses œuvres majoritairement commanditées par des établissements catholiques sont aujourd’hui conservées dans les plus grands musées et collections privées du monde.
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