Par Galerie Sismann
« Cinq cents ans après l'époque de leur production, les « poupées de Malines » fascinent toujours par bien des aspects. Au cours de la première moitié du XVIe siècle, elles sont produites en grand nombre, exportées et appréciées dans de nombreuses régions d'Europe. Leur petite taille facilite leur
transport. A la fois objets de dévotion et de prestige, elles trouvent aussi bien leur place dans des cellules de moniales que dans des cours princières, dont elles suivent les déplacements ». Mais derrière leur apparente uniformité, ces oeuvres profondément influencées par la sculpture bruxelloise de la dynastie Bormann, réalisées à partir d'un répertoire commun de type et de sujet,
présentent néanmoins d'infinies variations de style et d'accents personnels, qui font toute leur saveur et révèlent la singularité de notre sainte Barbe.
Condamnée par son père à épouser un homme qu'elle n'a pas choisi, sainte Barbe, princesse de Bithynie refuse cette ...
... union pour se consacrer au Christ. Furieux, le roi l'enferme dans une tour où elle est baptisée en secret. Apprenant sa conversion au christianisme, son père la conduit devant les autorités romaines qui la condamnent au supplice puis à la mort.
Fidèle à la tradition iconographique, notre statuette présente Barbe debout à côté de la tourelle dans laquelle son père la condamna à l'isolement, un livre ouvert dans la main gauche et peut être autrefois la palme du martyr dans la droite. La sainte est vêtue d'un surcot au corsage ajusté dissimulé sous une somptueuse robe aux manches amples et bouffantes, retenu à la taille par une ceinture et un riche tablier à grelots.
Selon les caractéristiques de la production, le visage juvénile stylisé de sainte Barbe, aux traits réguliers, est relevé de petits yeux mi-clos aux orbites marquées et aux paupières soigneusement ciselées. Ses pommettes sont légèrement saillantes, sa bouche menue et dessinée. Ce faciès tout en
rondeur, couronné d'un front bombé et ponctué d'un menton en pointe, donne à notre sainte cet air doux et charmant si typique des statuettes de Malines. Cette rondeur est accentuée par sa coiffe en bourrelet, véritable spécificité malinoise à l'échelle du Brabant, enrubannée et garnie d'un rang de
perles.
Ainsi, les proportions de notre sculpture, son visage arrondi, son costume chatoyant, mais aussi l'agencement de ses draperies, sont autant de caractéristiques générales qui permettent de dater notre oeuvre au début du XVIe siècle, à l'époque où les ateliers de Malines connaissent leur premier succès.
Notre statuette peut ainsi être rapprochée de la sainte Barbe du Musée des Beaux Arts de Lyon. Si les deux oeuvres se superposent formellement, la qualité supérieur de la polychromie de notre sculpture doit être soulignée. Celle-ci se compose d'un décor doré et peint qui orne les galons des manteaux. Il est apposé sur un fond poinçonné appelé gaufrage. Encadré de rangs de perles en relief, frappées ou tracées à la roulette, les bordures de la robe de notre sainte Barbe se parent d'ornements floraux.
Profonde de seulement quatre centimètres, notre statuette devait autrefois venir se plaquer contre le fond de caisse d'un retable, dissimulant ainsi aux yeux du fidèle son revers, discrètement marqué des trois pals du blason de la ville de Malines, marque de garantie apposée par les contrôleurs de la guilde de Saint-Luc qui réglementait à l'époque le travail des peintres et sculpteurs de cette ville, contrôlant la qualité et mise en oeuvre de ces statuettes.
Pièce centrale d'un retable domestique de petites dimensions, notre oeuvre, dans un contexte spirituel encourageant le développement d'une forme de piété plus personnelle, par sa joliesse et son aspect juvénile incitait le fidèle à l’apaisement et à la confiance dans la promesse de la résurrection.
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