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Renaud et Armide (vers 1715), une miniature de Rosalba Carriera (Venise 1673-1757)
Renaud et Armide (vers 1715), une miniature de Rosalba Carriera (Venise 1673-1757) - Objets de Vitrine Style
Réf : 95250
5 500 €
Époque :
XVIIIe siècle
Signature :
Rosalba Carriera
Provenance :
Italie
Materiaux :
Tempera
Dimensions :
l. 6 cm X H. 8 cm
Stéphane Renard Fine Art
Stéphane Renard Fine Art

Tableaux et dessins du XVIIe au XX siècle


+33 (0) 61 46 31 534
Renaud et Armide (vers 1715), une miniature de Rosalba Carriera (Venise 1673-1757)

Tempera sur ivoire
8 x 6 cm

Cette miniature de Rosalba Carriera, une des plus grandes femmes artistes du XVIIIème siècle, nous présente un sujet galant, inspiré par La Jérusalem Délivrée du Tasse : les transports amoureux de Renaud et d’Armide, aiguisés par le jeu d’un miroir. Cette miniature, très proche d’une autre miniature de Rosalba Carriera conservée à Chatsworth, démontre la persistance de cette œuvre littéraire comme inspiratrice des arts décoratifs à Venise au XVIIIème siècle et annonce les œuvres galantes qui fleuriront en France quelques décennies plus tard.

1. Rosalba Carriera, la vie extraordinaire d’une femme artiste dans la Venise du XVIIIe siècle

Née à Venise en 1673, Rosalba Carriera a commencé sa carrière d’artiste comme peintre de miniatures et de tabatières. Ses premières œuvres connues remontent aux années 1690 et elle devient rapidement célèbre grâce à ses miniatures, qui lui permettent de devenir la première ...

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... femme membre de l’Académie de Saint-Luc à Rome en 1705. Elle abandonne progressivement la miniature pour le pastel, devenant grâce à ce medium l’un des portraitistes les plus recherchés d’Europe.

Invitée par Pierre Crozat, un financier et collectionneur français, Rosalba Carriera se rend à Paris en mars 1720 où elle séjourne pendant une année. Elle rencontre grâce à Crozat les peintres français les plus importants de l’époque : Antoine Coypel, Jean Ranc, Hyacinthe Rigaud, Antoine Watteau (dont elle réalise le portrait ), Jean-François de Troy, Nicolas de Largillière, Louis de Boulogne… Logée chez Pierre Crozat, elle est assaillie de commandes des grandes dames de l’aristocratie parisienne qui lui laissent à peine le temps de travailler. Sur la proposition de Coypel elle est reçue à l’Académie Royale le 26 octobre 1720. Son séjour révèle le pastel au public parisien et c’est sans doute sous son influence que Maurice Quentin de La Tour abandonne les portraits à l’huile pour se consacrer entièrement au pastel.

Retournée à Venise d’où elle envoie son morceau de réception en 1721, elle continue son activité de portraitiste. Extrêmement recherchée dans l’Europe entière, elle se rend à Modène en 1723 pour peindre les filles du Grand-Duc et à Vienne en 1730 pour y peindre l’Impératrice. Elle continue à peindre jusqu’en 1746-1747, avant de devenir progressivement aveugle et de décéder en 1757.

2. Description de la miniature

Une jeune femme allongée au pied d’un arbre, un sein découvert, la chevelure piquée de fleurs, tient en sa main droite un miroir ovale dont nous ne voyons que l’avers de couleur vermillon alors qu’elle caresse de la main gauche le menton d’un jeune homme également couronné de fleurs.

Ce jeune homme est ceint d’une étole flottante de couleur bleue ; seule une attache métallique sous l’épaule révèle une partie de la cuirasse dont il s’est dévêtu. Les yeux en amande de nos deux amants semblent fixer avec attention le miroir, et l’on comprend que chacun est plongé à travers ce miroir dans la contemplation de l’autre.

3. Renaud et Armide, un épisode fameux de la Jérusalem Délivrée

La Gerusalemme liberata est un poème épique publié en 1581 en italien par Torquato Tasso (1544 – 1595), dit Le Tasse, retraçant un récit largement fictionnel de la première croisade, au cours de laquelle les chevaliers chrétiens menés par Godefroy de Bouillon combattent en 1099 les Sarrasins afin de libérer Jérusalem.

La magicienne Armide, une musulmane, est un des principaux personnages féminins : entrée dans le camp des chrétiens pour demander leur aide, elle parvient à diviser les chevaliers par son charme et à entraîner certains d’entre eux qui seront transformés par sa magie en animaux. Tombée amoureuse de Renaud, elle l’emmène dans une île magique où il succombe à ses caresses : c’est la scène (tirée du seizième chant) que représente notre miniature.

Une des plus belles éditions de la Jérusalem Délivrée, illustrée par Piazzetta (dont Rosalba Carriera achètera d’ailleurs un exemplaire) sera publiée à Venise en 1745. Chaque chant est illustré par une grande gravure et celle illustrant le seizième chant reprend tout naturellement cette scène (sans le miroir).

L’œuvre du Tasse sera d’ailleurs utilisé à Venise comme une source décorative majeure pendant toute la première moitié du XVIIIème siècle, comme en témoignent par exemple les fresques de Giambattista Tiepolo réalisées en 1740-1746 pour le Cabinet des Miroirs du Palais de la famille Corner (aujourd’hui à l’Art Institute de Chicago).

4. Œuvre en rapport et source iconographique

Dans son livre de référence sur Rosalba Carriera, Bernardina Sani reproduit une miniature de Rosalba (dont nous n’avons retrouvé qu’une photo en noir et blanc) qui nous semble être très proche de la nôtre. Elle fait partie de la collection Devonshire à Chatsworth dans le Derbyshire (Royaume-Uni). Elle a vraisemblablement été ramenée de Venise en 1715 par Lord Burlington, avec onze autres miniatures de Rosalba Carriera dont seulement quatre subsistent aujourd’hui dans cette Collection.

Alors que ces deux miniatures sont de taille comparable (7.6 cm de haut pour la miniature Devonshire versus 8 pour la nôtre), Bernardina Sani identifie le sujet représenté comme Vénus et Cupidon mais il nous semble bien qu’il pourrait s’agir également de Renaud et d’Armide. Seule la position de l’amant varie : il a les yeux tournés vers sa maîtresse dans la miniature de Chatsworth et vers le miroir dans celle que nous présentons. La similitude entre ces deux miniatures nous amène d’ailleurs à proposer également une datation autour de 1715 pour notre miniature.

De manière très intéressante, Bernardina Sani nous indique une source iconographique pour cette composition en la rapprochant du tableau représentant Hercule et Omphale par Federico Bencovich (1677 – 1753), tableau qui est conservé dans les collections de l’Etat de Bavière au Palais de Würzburg (Allemagne). Nous savons que Bencovich était un ami de Rosalba Carriera, et Mariette rapporte que celle-ci s’inspirait des dessins qu’il lui fournissait. Si nous suivons cette suggestion de source iconographique, il nous semblerait légitime de penser que notre miniature, qui s’éloigne du tableau de Bencovitch en se rapprochant du texte du Tasse, soit postérieure à celle conservée aujourd’hui à Chatsworth.

Principale source bibliographique :
Rosalba Carriera – Bernardina Sani – Torino 2007

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