Par Franck Baptiste Provence
Exceptionnelle paire de plaques en fer repoussé et damasquiné or et argent*, représentant le roi Henri IV et le reine Marie de Médicis, en buste, de trois quart.
Henri IV porte la fameuse armure aux lions et le collier de l’ordre du St Esprit, une fraise en dentelle vient enrober sa barbe bien taillée et son abondante chevelure.
Son regard est vif et particulièrement pénétrant.
La reine est quand à elle richement vêtue d’une robe en velours de gênes et d’une importante fraise en dentelle portée en éventail.
Elle porte la couronne de France et une abondante parure de joyaux, sur la poitrine mais aussi dans la chevelure, ses colliers de perles sont agrémentés de pierres précieuses, simulées sur notre portrait par des verroteries.
Le revers des plaques est martelé à froid afin de dégager de forts reliefs côté face qui sont ensuite ciselés, incrustés de métaux précieux ou de verroterie.
L'effet décoratif joue sur les surfaces brunies du fer ...
... et les détails vestimentaires brillants de deux couleurs différentes.
Les fond sont dorés à la feuille d’or, ce qui permet de faire ressortir les bustes.
Les cadres, en bois de hêtre finement sculptés et dorés, sont d’origine.
Travail français attribué à Guillaume Dupré* vers 1600, époque Henri IV.
Dimensions :
Cadres : Hauteur : 22,5 Largeur : 19 cm
Plaques : Hauteur : 17,5 cm ; Largeur : 14 cm
Exemplaires proches connus :
- Musée de la renaissance d’Ecouen ( Inv 1662)
- Metropolitan Museum (inv. 40.13.3)
- Paire de plaques Musée du Louvre, préemmptée dans le vente Pierre Bergé du 23 Juin 2021, lot 77 et 78.
*Le fer repoussé et damasquiné (de Damasco, Damas) est un mode de décoration du métal, consistant à abaisser le fond autour d'ornements qui doivent s'y détacher en relief.
Il va connaitre un essor important à la renaissance, notamment en Italie, véritable berceau de cette technique, qui sera utilisée à grande échelle pour l'orfèvrerie, pour l’ameublement mais surtout pour l’armurerie.
Les guerres d’Italie vont permettre à l’Europe entière de découvrir les fameuses armures desmasquinées milanaises de l’atelier des Negroli.
Les rois de France passeront même des commandes, notamment pour la fameuse armure aux lions, conservée au musée de l’armée, dont on pense aujourd’hui qu’elle a appartenu à François 1er.
*Guillaume Dupré, né à Sissonne vers 1576 et mort à Paris en 1643, est un médailleur et sculpteur français.
En 1604, il a un fils, Abraham, qui sera lui aussi médailleur. Il est le gendre du sculpteur Barthélemy Prieur. En 1597, il entre au service du roi Henri IV. En 1604, il est nommé, conjointement avec Jean Pillon, contrôleur des poinçons et monnaies de France, charge qu'il assume seul à partir de 1617. Dès 1611, il était devenu premier sculpteur du roi, prenant la suite de Barthélemy Prieur dans ce poste. En 1612, il effectue un voyage en Italie. Vers 1629, il est nommé commissaire général de l'Artillerie. Il gravera des médailles pour Henri IV, Louis XIII et le tout début du règne de Louis XIV.
Guillaume Dupré se distingue des graveurs de son époque par l'importance des reliefs qu'il donne à ses médailles. Cela s'expliquerait pas sa formation initiale de sculpteur auprès de son beau-père. Il effectuait aussi lui-même ses fontes et produisait des pièces d'une qualité et d'une finition exceptionnelle. Le voyage qu'il effectua en Italie influença aussi son style qui annonce d'une certaine façon le baroque français.
Notre avis :
La paire de plaques que nous présentons est de la plus grande rareté, seule une poignée de plaques sont à ce jour connues et elles sont toutes conservées dans de grands musées.
La parfaite maitrise de la technique du damasquinage nous permet d’apprécier l’extrême finesse de la ciselure sur les deux portraits.
Nos plaques sont attribuables à Guillaume Dupré, le sculpteur du roi, qui est le père des différents modèles connus qu’il diffusa sur de nombreuses médailles.
Le buste d’Henri IV est repris sur la double médaille qu’il réalisa pour la cour.
Dupré s’inspira lui même des portrait du peintre du roi Frans Pourbus.
Si nous ne savons toujours rien de ces objets, il est évident qu’ils furent commandés par une élite proche de la famille royale et qu’ils demeurent à ce jour des pièces de collection de premier plan, symbolisant parfaitement le raffinement de la cour à la renaissance.
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