Par Franck Baptiste Provence
Beau portrait d’ Anne Geneviève de Bourbon-Condé, duchesse de Longueville, (1619-1679) représentée de trois quarts, en demi buste.
La princesse est vêtue d’une mante noire et blanche, avec un voile qui lui couvre les cheveux et nous informe qu’elle est en deuil .
Sa carnation claire et ses boucles blondes sont particulièrement mises en valeur par la couleur sombre du fond et du vêtement.
Ses yeux bleus turquoise se détachent et illuminent de douceur le visage de celle qui fut célébrée pour sa beauté autant que pour son esprit.
Huile sur toile, bel état de conservation.
Cadre en bois doré d’origine.
Ecole Française, Atelier de Philippe de Champaigne vers 1665.
Dimensions :
Cadre : Hauteur : 57 cm ; Largeur : 50 cm
Toile : Hauteur: 39 cm Largeur : 30 cm
Notre avis :
Le portrait que nous présentons est typique de la production de Philippe de Champaigne qui fut un des plus grands peintres religieux français du 17 ème siècle.
Il ...
... excelle notamment dans les portraits de Jansénistes, d’ecclésiastiques , de religieuses… , il est un des rares à pouvoir conjuguer à la fois la rigueur nécessaire à cet exercice, et une relative douceur dans les visages qui apporte beaucoup d’humanité à ses oeuvres .
Richelieu, Mazarin et bon nombre d’ecclésiastiques du royaume auront recours à ses services.
Le portrait qu’il nous livre ici symbolise parfaitement son style, avec le visage illuminé de la Duchesse qu’il représente dans la posture d’une religieuse.
Conformément à ses origines flamandes et à sa religion il nous délivre dans ce tableau un message fort, à savoir le réconfort des croyants dans la difficile épreuve du deuil.
Philippe de Champaigne (1602-1674) :
Issu d’une famille modeste, Philippe de Champaigne est un peintre janséniste, pugnace et vertueux. Né à Bruxelles, il rejoint Paris en 1621. Il préfère l’atelier de Fouquières, peintre paysagiste, à celui de Pierre-Paul Rubens, et se met donc à son école, puis travaille avec les peintres maniéristes avant de collaborer avec Nicolas Poussin pour la décoration du Palais du Luxemboug. Marie de Médicis et le cardinal de Richelieu sollicitent son travail pour le palais du cardinal et le dôme de l’église de la Sorbonne. En 1648, il fait partie des fondateurs de l’Académie royale de peinture et de sculpture. Portraitiste notable, Philippe de Champaigne est également reconnu pour avoir livré un ex-voto, aujourd’hui au musée du Louvre. Son oeuvre d’abord très influencée par Pierre-Paul Rubens, devient par la suite un peu plus monotone, voire lugubre. Philippe de Champaigne est l’un des deux peintres officiels du Royaume, ce qui lui permet de peindre plus d’une dizaine de fois le portrait du cardinal de Richelieu.
Anne-Geneviève de Bourbon (1619-1679), future duchesse de Longueville, naît le 28 août 1619 au donjon de Vincennes où son père, Henri II de Bourbon-Condé, un « prince du sang », a été incarcéré en raison de son opposition à l'autorité du jeune roi Louis XIII.
Sa mère Charlotte de Montmorency a elle-même fait rêver le roi précédent, Henri IV, dont elle fut le dernier amour, et manqué être la cause involontaire d'une guerre européenne !...
Anne-Geneviève est très jeune attirée vers la religion mais son premier bal au Louvre lui révèle son pouvoir de séduction.
Ses qualités d'esprit et sa finesse emplie d'élégance, qui n'ont d'égale que sa beauté, se révèlent dans le salon de la marquise de Rambouillet.
Mariée par son père au duc de Longueville, de 25 ans son aîné et déjà doté d'une maîtresse, la duchesse de Montbazon, elle prend un amant, le comte de Coligny, qui se fait tuer en duel pour elle.
Puis, sous le règne du jeune Louis XIV, elle se jette avec intrépidité dans la rébellion de la Fronde, avec ses frères, le Grand Condé (appelé ainsi depuis sa victoire à Rocroi, à 22 ans !) et le prince de Conti, ainsi que son nouvel amant, le duc de la Rochefoucauld (le futur auteur des Maximes).
Elle côtoie dans ces folles équipées d'autres aventurières titrées comme la Grande Mademoiselle, fille de Gaston d'Orléans et nièce du roi Louis XIII, en un temps où la noblesse ose encore défier le pouvoir royal.
Elle séduit le roué Paul de Gondi, futur cardinal de Retz (et auteur de Mémoires fameuses) et même le brave Turenne qu'elle convainc d'entrer dans l'opposition au roi et de trahir son pays au profit des Espagnols !
Légère et exaltée, elle se laisse guider par ses passions et sa nouvelle liaison avec le duc de Nemours amène le duc de La Rochefoucauld à rompre avec elle.
Mais après l'échec de la Fronde et la fuite de son frère Condé à l'étranger, Anne-Geneviève fait un retour sur elle-même. En 1661, au début du gouvernement personnel de Louis XIV, elle reprend le chemin interrompu de la religion en partageant ses lieux de résidence entre Port-Royal et les carmélites du faubourg Saint-Jacques.
Sa piété se renforce après la mort, en 1672, de son fils préféré, issu de sa relation avec le duc de la Rochefoucauld, « l'enfant de la Fronde ». Un bel exemple de grand écart entre libertinage et sainteté.
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