Par Galerie Alexandre Piatti
Cette colonne torsadée en marbre blanc, finement sculptée, se distingue par une bande hélicoïdale ciselée entre deux bandes latérales parallèles. Ce dispositif crée une alternance subtile de creux et de reliefs qui capte la lumière et met en valeur la pureté du marbre. Le fragment provient très probablement d’un cloître ou d’un portail d’église, lieux où ces colonnes rythmaient les espaces architecturaux tout en participant à leur mise en scène spirituelle. Ce type d’ornementation était particulièrement répandu en Italie centrale, en Toscane, au Latium et en Ombrie entre les XIII? et XIV? siècles.
Cette oeuvre s’inscrit pleinement dans la production du XIV? siècle, tout en se distinguant par un profil plus rectiligne et une ornementation mesurée, témoignant d’une recherche d’équilibre entre rigueur structurelle et raffinement décoratif. La présence d’une fine feuille entrelacée à la base du fût souligne cette tension subtile entre ...
... géométrie et nature, entre rigueur formelle et souffle organique. La torsade introduit un mouvement ascensionnel qui symbolise l’élévation spirituelle et l’aspiration de l’âme vers le divin. Ce langage plastique s’accorde également avec l’idéal spirituel des Olivetains, ordre réformé issu du monachisme bénédictin, prônant la simplicité et la pureté comme voies d’union avec Dieu. La sobriété du décor et la clarté du marbre expriment ainsi une spiritualité lumineuse où la matière, animée par la lumière, devient instrument de contemplation.
Sur le plan stylistique, cette colonne s’inscrit dans une tradition gothique italienne qui adapte l’héritage antique des colonnes salomoniques à un goût nouveau pour la verticalité et le mouvement. Des exemples comparables figurent dans le cloître de la basilique Saint-Paul-hors-les- Murs à Rome, où le motif spiralé structure l’espace tout en accompagnant la lumière du lieu sacré. Ces colonnes à fût spiralé constituent un marqueur distinctif de l’esthétique gothique tardive italienne.
Ainsi cette colonne illustre une synthèse raffinée entre tradition romaine et innovations gothiques. De cette union naît une forme à la fois architecturale et spirituelle, qui transcende la matière pour traduire l’élan de la foi. Ce fragment, témoin de la sculpture architecturale italienne de la fin du Moyen Âge, conserve toute la puissance évocatrice d’un art où le marbre, animé par la lumière, devient le support visible du mystère divin.
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