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Glossaire des Arts Décoratifs

Armoire

C'est, dans ses formes variées, un des mots les plus anciens qui figurent dans le vocabulaire de l'ameublement, et un des plus vieux meubles et des plus importants dont nous ayons à nous occuper.
L'armoire , en effet, apparaît presque dès l'origine dans notre mobilier. Elle en est le complément indispensable.
Après le lit destiné au repos, on dut confectionner un meuble chargé de recevoir et de garder les vêtements de rechange, les effets précieux, les armes, la vaisselle, les bijoux, les papiers et les livres.

Ce meuble, c'est l'armoire. Mais si le nom est ancien, il s'en faut de beaucoup que, dans son voyage à travers les siècles, il ait conservé une forme immuable.
Les diverses variantes que nous donnons en tête de cet article et celles qui figurent par la suite montrent par quelles transformations il a passé, et le curieux, c'est que ces transformations ne sont pas successives. Dès le XVe siècle on trouve armoire écrit à peu près comme aujourd'hui, et, au XVIIIe siècle, nous rencontrerons encore des variantes singulières de ce mot, qui se heurtent parfois dans un même document.
Enfin, particularité non moins curieuse, on a été pendant longtemps en désaccord sur le genre de ce substantif: Les Gascons le font masculin, écrit Ménage. Dans le Nord, il est féminin.

Armoire transition
Armoire époque Transition

Armoire Louis XIII
Armoire Louis XIII

Mais ce n'est pas seulement le nom qui a varié à l'infini, c'est aussi la forme même du meuble ainsi que ses adaptations.
Au XVIIIe siècle, on distinguait:

  • les armoires à linge
  • les armoires à vaisselle
  • les armoires à vêtements
  • les armoires vitrées
  • les armoires-bibliothèques

L'armoire au Moyen Age

L'armoire paraît même; jusqu'à un temps assez rapproché, avoir quelquefois consisté dans ce que nous appelons aujourd'hui plus particulièrement un placard, c'est à dire dans un enfoncement pratiqué dans la muraille et clos par une porte.

Après ces armoires pratiquées dans la muraille, il nous faut dire un mot de celles qui, bien qu'en menuiserie, étaient attachées au mur et devenaient, de la sorte, immeubles par destination. Dans les résidences royales et dans les abbayes, ces sortes d'armoires abondaient. Au moyen âge, elles servaient, le plus souvent, à serrer des vêtements, le linge et les objets précieux. Une chambre spéciale leur était souvent réservée. Elles en faisaient alors le tour, numérotées, ou mieux signées par des lettres.

Dans les demeurent royales, au XIIIe et au XIVe siècle, les clefs de ces armoires étaient confiées spécialement aux argentiers du roi.

Ce meuble consista, juqu'au XIVe siècle, en un coffre massif, carré, un peu brutal dans ses profils, trapu dans sa forme, sans grâce, dont les diverses parties étaient assemblées carrément, sans même qu'on prît la peine de dissimuler les chevilles, et dont les portes, formées de planches réunies par une longue penture historiées, donnent une idée assez peu favorable de la menuiserie française à cette époque.

L'armoire a la Renaissance

Cependant, à la fin du XIVe siècle, une révolution s'était opérée dans la menuiserie, qui tendait à substituer à ce décor un peu bruyant, tiré de moyens accessoires, une décoration plus rationnelle, ressortant de la construction même du meuble et découlant de la matière dont il est exécuté.
A cette époque, en effet, les menuisiers, plus habiles et mieux dirigés, remplacèrent les parois massives, brutalement assemblées, par des bâtis formant cadre, et dans lesquels les panneaux se trouvèrent simplement embrevés. Les armoires n'y perdirent rien en solidité, mais elles gagnèrent infiniment en grâce. En outre, par la diversité des plans qu'amenait forcément cette manière nouvelle de bâtir le meuble, celui-ci devait désormais chercher sa valeur artistique, non plus dans un décor surajouté, mais dans sa construction même, et sa beauté allait ressortir de la pureté et de l'élégance de ses formes, complétées et soulignées par une ornementation faisant corps avec lui.
La division du meuble en panneaux embrevés dans des bâtis allait amener l'emploi, pour ces derniers, de moulures plus ou moins riches, et le panneau lui-même allait se couvrir de sculptures, simples d'abord, consistant dans le principe en l'imitation d'une de ces feuilles de parchemin repliée, dont le XVe siècle fit, comme décor, un si fréquent usage, puis ensuite en arabesques et en grotesques sculptées en très bas reliefs, pour aboutir à des représentations historiques, avec personnages et animaux se mouvant au milieu de paysages ou d'architectures classique.

Armoire provençale
Armoire provençale

Armoire Régence de la Vallée du Rhône
Armoire Régence de la Vallée du Rhône

L'armoire au XVIIIe siècle

Le XVIIe et XVIIIe siècle, au surplus, furent le temps par excellence de ces sortes de meubles, moins encore à cause de leur somptuosité que de leur nombre et de la générosité de leurs formes. A cette époque, en effet, l'armoire se répandit partout et bientôt il ne fut intérieur si humble, qui ne possédât la sienne.
Vous pouvez admirer : armoire 18ème siècle sur le site.

L'excès même de ces proportions devait amener une transformation nécessaire. Ne pouvant la loger partout à cause de sa hauteur formidable, on prit le parti de la couper en deux. De là ces "bas d'armoire" que nous voyons prendre place, dès la fin du règne de Louis XIV, dans notre mobilier.
Par la suite, le bas d'armoire a perdu son nom. Il a pris celui de buffet, et c'est le seul sous lequel il soit connu désormais de nos ébénistes et de marchands de meubles.

L'armoire, elle, a persisté dans son intégrité. Elle s'est vue toutefois, par suite du rapetissement de nos appartements, obligée d'affecter des dimensions plus réduites. Bannie des pièces de réception, confinée dans les chambres, lingerie et garde-robes, elle a également renoncé aux formes chantournées et aux nobles profils qu'elle montrait au XVIIIe siècle.