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Développé sous l’impulsion de Napoléon Ier, le style Empire s’insère dans la droite ligne de celui de son prédécesseur Louis XVI. Après des premiers balbutiements sous le Directoire, il progresse et s’affirme avec le retour de la campagne d’Egypte. Imprégné par un mobilier grandiose à l’image de l’Empereur, le style Empire est aussi marqué par la profusion de ses petits meubles qui envahissent les salons et pièces de l’intimité comme le somno, l’athénienne ou le guéridon.

Le guéridon : un meuble accessoire à la mode

Réapparu sous le règne de Louis XVI, le guéridon se présente le plus souvent comme une table à un pied et qui se termine par trois doigts au sol à l’époque Empire. Destiné à soutenir des objets légers, le guéridon est alors le meuble à la mode, inspiré de ceux déjà utilisés dans l'antiquité comme en témoignent les guéridons trouvés à Herculanum et Pompéi. Le guéridon est un meuble qui demeure indispensable au milieu d’un salon, et il en est de par sa position, l’un des principaux ornements.

Dessin de guéridon
Charles Percier, Projet de guéridon, 1805, époque Empire © Photo Les Arts Décoratifs, Paris

Connu comme la plus classique des tables accessoires, le guéridon est un luxe qui n’a rien de superflu dans une maison. Selon une légende, le nom de guéridon est celui d’un jeune serviteur noir de la reine Anne d’Autriche, somptueusement habillé, qu’un sculpteur décida de prendre pour modèle afin d’en faire un porte-lumière ou porte-plateau, comme en témoignent des vers de mirliton rédigés vers 1650 par un poète anonyme : « Des Mores noirs et non pas blonds. Faits en forme de guéridon. Chacun portant sur la teste. Un grand plat de viande preste ». C’est au XVIIIème siècle qu’est modifiée la forme du guéridon et qu’il se rapproche ainsi de la table par la physionomie et les services qu’il rend. On le nomme alors table-servante.

Guéridon, en acajou d'époque 1er Empire, Galerie de Cicco © Anticstore

L’époque :

La société de l’époque Empire est une société qui ne manque ni d’atouts ni de charme. Régie par l’impératrice Joséphine, première épouse de Napoléon Ier, elle constitue la toile de fond du nouveau régime. Paris retrouve son rang de capitale de la mode ; la bonne société européenne y défile pour se distraire et passe des commandes aux ornemanistes – Percier et Fontaine - ébénistes et tabletiers. Ces derniers imposent un style officiel voué à mettre en valeur les magnificences de l’Empire. Moins diversifié qu’au XVIIIème siècle, le mobilier Empire est équilibré entre les meubles volumineux – commodes, bureaux, armoires – et les petits meubles voués à diverses activités comme le guéridon.

Les caractéristiques du guéridon Empire :

Si elles furent diversifiées au XVIIIème siècle, les formes du guéridon sous le premier empire sont souvent répétitives et peu renouvelées. Généralement en acajou, le guéridon est communément sous le premier empire de forme circulaire, rarement polygonale ou rectangulaire. Ses dimensions varient – elles sont telles quelquefois que le guéridon, qui perd alors son nom, se transforme pour devenir une table massive, comme on en retrouve beaucoup au premier empire.

Dessin de guéridon
Guéridon, Epoque Empire, XIXème siècle, Galerie Mazarine © Anticstore

Le plateau se compose d’un lourd disque d’acajou, de marbre, de porphyre ou malachite, quelquefois de verre ou de porcelaine qui repose sur une ceinture de bois uni ou orné de bronzes. Cet ensemble est supporté par un pilier de bois massif ou une colonne centrale unique. Elle repose sur un socle plus ou moins épais à la forme presque toujours triangulaire curviligne, à moins qu’il ne soit maintenu par une ou quatre pieds reliés par une tablette circulaire. Les pieds peuvent prendre la forme de sphinx, de lions ailés, de têtes à l’égyptienne, de termes, de caryatides ou de jarrets de félins. Ils peuvent être exécutés en bronze doré, en bronze à patine verte ou noire, en acajou, en bois peint ou doré. Bois et bronze se mêlent souvent dans le piètement ou bien le bois est patiné à l’imitation du bronze. Parfois, au centre du socle, prend place une vase à l’antique, une sculpture, une coupe ou un brûle-parfum.

Quelques ébénistes de l’époque

François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter

François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter (1770-1841) : En 1796, Georges II Jacob et François-Honoré-Georges Jacob succèdent à leur père - l’ébéniste Georges Jacob - et s’associent sous le nom de « Jacob Frères ». Après le décès de son frère en 1803, François-Honoré-Georges, il ajoute comme ce dernier à son patronyme le nom de « Desmalter » (propriété familiale en Bourgogne), forme avec son père une nouvelle union. Sous le Directoire et le Consulat, il collabore avec des artistes comme avec l’architecte Berthault pour le mobilier de Mme Récamier et réalise des créations raffinées. Sous l’Empire, il est l’un des principaux fournisseurs du régime. Dessinateur de ses meubles, il s’inspire quelquefois de modèles de l’architecte Percier. Peu à peu, les lignes du mobilier des époques Directoire et Consulat s’effacent au profit du mobilier Empire, plus monumental. La simplification des formes et la rigueur des volumes ajoutées à l’emploi de l’acajou, matériau de prédilection et à la profusion des motifs en bronze doré d’inspiration antique, caractérisent son style.

Martin Guillaume Biennais

Martin Guillaume Biennais (1764-1843) : Tabletier à l’enseigne du Singe Violet, rue Saint-Honoré, Biennais est également connu comme orfèvre. Né à Lacochère dans l’Orne, Biennais est fils de laboureur et arrive très jeune à Paris où il débute chez son cousin et tuteur André-François Chéron. Sous l’Empire, son enseigne nous indique qu’il est « orfèvre de Leurs Majestés Impériales et Royales, de Leurs Majestés le Roi de Hollande et de Westphalie ». Il possède alors une fabrique de tabletterie et d’ébénisterie. C’est le spécialiste des nécessaires de campagne mais il est aussi l’auteur de guéridons et de petits meubles légers de grande qualité et de prix élevés.

 

guéridon Empire

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